Le 13, 14 et 15 février, Civic Fab était au Centre Social et Culturel de l’Elsau pour un atelier Sens critique. Pour évoquer le harcèlement, les discriminations et l’égalité femme-homme, les jeunes ont choisi de revisiter des contes de fées et chefs d’œuvre littéraires. Très motivés, ils ont su dépasser leur timidité pour défendre leurs valeurs en produisant des films de qualité.
Découvrez le carnet de bord de cet atelier Sens critique !
Le manque de vivre-ensemble, un thème porteur pour exercer son sens critique
Lundi matin, fraîchement arrivée de Paris, je me dirige vers le quartier de l’Elsau pour un atelier Sens critique. C’est un quartier en périphérie de la ville complètement enclavé. Il n’y a pas de supermarchés, ni de boulangerie. Tout se fait en voiture.
Une quinzaine de jeunes (filles et garçons) attendent l’équipe de réalisateurs. Je reconnais certains visages qui ont déjà participé à d’autres ateliers Sens Critique, et ravis de leurs premières expériences, ils reviennent.
Le débat sur le Vivre ensemble a du mal a démarrer, pour eux ils ne voient pas trop ce qu’ils peuvent en dire.
Je leur parle alors de l’inverse du vivre ensemble et là les langues se délient, ils condamnent, ils revendiquent… Ils veulent dénoncer le racisme et le harcèlement sous toutes ses formes et enfin veulent combattre toutes les inégalités de genres.
Roméo et Juliette : un support idéal pour évoquer les couples mixtes
Les trois groupes se forment rapidement et la séance d’écriture se met en place. Ils brainstorment mais ont du mal à mettre en scène leurs idées. Pour autant, ils savent déjà qu’ils veulent parler des couples mixtes pour dénoncer le racisme. Les idées fusent mais la mise en scène est toujours poussive, jusqu’à ce que je leur propose de revisiter Roméo et Juliette. Et là, leurs yeux brillent, ils me disent tous : « on l’a étudié à l’école en anglais ! »
Pour moi, c’est parfait, je les laisse transposer leur savoir à ce qu’ils veulent dénoncer et ils y arrivent facilement.
Par contre, jouer Roméo et Juliette, c’est compliqué… Ils ont du mal à mettre de la distance entre leurs personnages et eux-mêmes, mais pour le groupe, ils se plient à l’exercice et vont jusqu’à écrire une fin heureuse et se marier.
Revisiter les contes de fées avec Sens critique
Pour la question de l’inégalité femme-homme, ce qui les dérange, c’est les tâches ménagères assignées aux femmes contrairement aux hommes.
Pourtant, les filles parlaient très librement de leurs ambitions et de leurs rêves souvent en inadéquation avec leur genre (selon elles).
Je leur parle alors de l’autre groupe qui réadapte Roméo et Juliette et très vite, Cendrillon est arrivé comme une évidence.
Pour le jeu, il n’y a eu aucun problème, le soulier de verre a laissé place à la coque d’Iphone, et Youssra a joué la petite souris avec malice.
Le dernier groupe a directement cherché une revisite pour parler de harcèlement, je leur ai parlé de Blanche neige. A l’heure où on efface dans les contes pas mal de personnages… Ils pouvaient très facilement parler du harcèlement que subissait Blanche Neige de la part de la Reine sans les sept personnes de petite taille.
Ce groupe a fait preuve d’une recherche de costumes, accessoires et décors extraordinaire. Ils se sont beaucoup investis.
Dépasser ses peurs et être fier de son travail
Au moment de la projection des films devant les camarades et les parents, et malgré trois films très bien réussis, nous avions trois groupes extrêmement intimidés. A l’aide des applaudissements, et du grand écran, ils ont réussi à dépasser peur et timidité, à vaincre le regard des autres et à défendre leurs œuvres en attendant le festival du mois de juin.
Parents et jeunes nous ont remercié et comme dans les contes, la fin de cet atelier fut heureuse.