Le 11 et 12 janvier, les équipes de Civic Fab étaient à l’E2C de Saint-Omer dans les Hauts-de-France pour un atelier Sens critique. Portés par des participants engagés, les débats ont été très riches. Pour réaliser les films, les jeunes ont su trouver la justesse nécessaire pour évoquer les drames et les difficultés qu’ils ont traversé tout en transmettant un message d’espoir universel. Le carnet de bord de Civic Fab témoigne de l’émotion et de l’engagement des participants.
Un débat riche et animé
Saint Omer est une ville charmante du Nord-Pas-de-Calais, où les films que nous réalisons avec les jeunes de la ville, sont toujours de très bonne facture. C’est toujours sous un froid glacial mais avec grand enthousiasme que nous y allons.
Il y a une quinzaine de jeunes dans la salle, tous très souriants et motivés. Le débat sur le Vivre Ensemble est très riche, les jeunes ont plein de choses à dire, à raconter, à revendiquer aussi…
Nous discutons longtemps et parfois déconstruisons ensemble certaines idées reçues. Cela se fait toujours dans la bonne humeur.
Très vite, les thèmes des films se dégagent, ils veulent parler d’égalité femmes-hommes, de violences et harcèlement et de handicap. Les scénarios des deux films sur l’égalité des sexes et sur le handicap se font rapidement.
Ouvrir le débat sur les violences sexuelles
Le troisième est un peu plus délicat, les jeunes femmes qui ont choisi le thème des violences et du harcèlement ont elles-mêmes vécues dans leur chair des violences sexuelles et psychologiques dures, elles ont saisi la justice et n’ont malheureusement pas eu gain de cause. Pire, l’une est toujours harcelée sexuellement par son bourreau, et une autre, complètement isolée dort dans sa voiture avec son copain. Rejetée par sa mère et sa belle-mère, elle n’a trouvé que cette solution…
Dans ces conditions, comment créer un film et faire preuve de sens critique…. Il faut chercher tout au fond de soi pour insuffler de l’espoir et de l’envie de justice à des personnes qui ont vécu toute une succession d’injustices et de drames.
C’est à ce moment-là, que je leur ai parlé du tissu associatif très présent sur tout le territoire national et qui fait un travail admirable pour les femmes victimes de violences, tant au niveau du suivi qu’au niveau de l’accueil. Et que peut-être et même sûrement, elles trouveraient leur salut en se faisant accompagner par des associations spécialisées.
Le film ou plutôt spot de sensibilisation qu’elles ont réalisé suite à cet échange est d’une dignité et d’une justesse incroyable. Loin du pathos, loin du misérabilisme, elles ont fait preuve de beaucoup d’abnégation pour pouvoir réaliser une telle œuvre. J’étais très fière d’elles et la responsable de la structure d’accueil également.
Une projection pleine d’émotion face à une audience concernée
Le film sur le handicap était inspiré de l’histoire du fils d’une des participantes. Le film était émouvant et questionnait vraiment le regard de tous sur les gens différents. Les questions et remarques fusaient dans la salle. Après le visionnage du film, la jeune maman concernée avait la gorge nouée et a fondu en larmes. Tout au long de la projection, l’émotion ne l’a pas quittée.
Le film a suscité le débat, et nous a toutes et tous permis de remettre en questions nos jugements parfois trop hâtifs sur les autres.
Le dernier film était léger et nous a fait du bien. Il a fait redescendre la pression en douceur.
Ils étaient tous très contents, et nous aussi, car les ateliers à Saint Omer sont toujours marquants et forts en émotion.