Lutter contre le harcèlement scolaire

Le mercredi 27 septembre, le Ministre de l’éducation nationale va annoncer le plan du gouvernement pour lutter contre le harcèlement scolaire. Le suicide d’un adolescent de 15 ans le 5 septembre a relancé le débat sur un phénomène que l’institution scolaire peine à endiguer. Alors que la lutte contre le harcèlement scolaire était déjà la priorité du gouvernement en 2010, les chiffres n’ont pas connu de baisse significative et restent alarmants. Chaque années entre 800 000 et 1 million d’élèves sont victimes soit entre deux et trois enfants par classe.

Depuis deux ans, Civic Fab est de plus en plus sollicitée pour intervenir via son programme Sens critique sur la prévention du harcèlement, preuve d’une prise de conscience de la nécessité d’agir contre ce fléau.

Le harcèlement se définit comme une violence répétée de nature physique, verbale ou psychologique.  Le plus souvent, il se fonde sur un rejet de la différence : apparence physique, genre, handicap, appartenance ethnique, culturelle ou confessionnelle. Il se manifeste par des actes de violence répétées qui peuvent prendre plusieurs formes et se cumuler : moqueries, insultes, rejet social ou intimidation physique. Il est souvent associé à un phénomène de groupe, plusieurs élève y participent activement ou silencieusement. Cet effet de groupe aboutit à l’isolement de la victime qui ne peut se défendre.

Cette dernière décennie, le harcèlement scolaire a pris un nouveau visage avec l’essor des réseaux sociaux . Le cyberharcèlement s’inscrit dans le prolongement du harcèlement scolaire, les violences et les moqueries suivent maintenant les élèves victimes jusque dans leur domicile et s’immiscent dans tous les instants de leur quotidien. Ce phénomène a des effets concrets sur les victimes : perte d’estime de soi, difficulté à rentrer en contact avec les autres, décrochage scolaire et peur de l’école, conduites autodestructrices, voire suicidaires.

Lutter efficacement contre le harcèlement

Depuis la rentrée 2022, le programme « pHARe », plan de prévention du harcèlement et du cyberharcèlement, a été mis en place dans les écoles élémentaires et les collèges. Ayant prouvé son efficacité, il a été étendu aux lycées à la rentrée 2023.  Ce programme se fonde sur 3 piliers : la mise en place d’équipes éducatives « ressource » formées à la prise en charge des situations de harcèlement, la mise en place de 10h de cours annuelles pour développer les compétences psychosociales des jeunes et la formation d’élèves ambassadeurs capables de repérer les situations de harcèlement et de prévenir les équipes éducatives.

Ce programme s’inspire notamment des expériences scandinaves qui ont permis depuis 10 ans de faire baisser significativement le harcèlement scolaire en axant leurs politiques sur la prévention plutôt que la répression. Ces pays ont également fait évoluer la manière de conceptualiser le harcèlement en s’intéressant aux effets de groupe plutôt qu’aux harceleurs. Le but de ces programmes est ainsi de créer des environnements scolaires dans lesquels le harcèlement n’est pas la bonne stratégie pour trouver sa place dans le groupe et favoriser l’entraide et la coopération entre élèves. Ils proposent également au travers de la formation aux compétences psychosociales de réindividualiser les élèves pour défaire les effets de groupe et permettre à chaque élève de trouver sa place.

L’extension du harcèlement aux espaces numériques demandent également une coopération entre l’institution scolaire et les plateformes qui doivent mieux modérer les contenus mais aussi lutter contre les spirales de désespoir causées par la recommandation de contenus nourrissant des états dépressifs. Si la formation d’élèves ambassadeurs et les actions de prévention auprès des élèves peuvent permettre d’alerter et de prendre en charge les situation de cyberharcèlement, il faut également responsabiliser les acteurs du numérique.

Le programme Sens critique

Depuis deux ans, de nombreuses structures et notamment des collèges et des lycées ont fait appel à Civic Fab pour mener des actions de préventions du harcèlement et du cyberharcèlement. Lors des débats avec les jeunes, cette thématique est récurrente et mobilise les jeunes. La philosophie de Civic Fab est centrée sur la prévention. La prise en charge du phénomène en amont semble dans le cas du harcèlement être la stratégie la plus efficace, une fois la boucle enclenchée et la culture de groupe établie, la prise en charge de la situation est toujours délicate.

Le programme Sens critique centré sur la création de court-métrage par les jeunes est un outils pertinent pour prévenir ces phénomènes.D’abord, les débats qui permettent de définir les thèmes des courts-métrages à réaliser puis d’écrire les scénarios sont des espaces de parole pour les jeunes. De nombreux films réalisés sur le harcèlement sont inspirés de leur quotidien  et peuvent constituer une première étape dans la libération de la parole. Ensuite le programme Sens critique permet de faire travailler les jeunes en groupe. Accompagnés par des professionnels de l’audio-visuels formés par Civic Fab, ils apprennent à débattre entre eux, à s’écouter les uns les autres, à mettre en commun leur idées, leurs talents et leur singularité pour réaliser ensemble un projet.

Enfin, les courts-métrages Sens critique sont des outils de prévention précieux. Réalisés par des jeunes et reflétant leurs sensibilités et les thématiques qui les touchent, ils constituent des supports de communication pertinents à destination d’autres élèves du même âge. Ils permettent à la fois une prise de conscience des effets du harcèlement pour les victimes mais aussi de lutter contre l’isolement de ces dernières en leur montrant qu’elles ne sont pas les seules à vivre ces situations et qu’il n’y a pas de honte à avoir.

Depuis deux ans, Civic Fab récompense lors du Festival du Sens critique les films les plus pertinents sur cette thématique. La projection de ces courts-métrages est toujours accompagnée d’une grande émotion tant le sujet fait écho au quotidien de nombreux jeunes.

On vous propose de découvrir deux vainqueurs du Festival, le court-métrage La famille réalisé au collège Les renardières à Courbevoie et Populaire produit par les jeunes du Centre social La Corderie à Marseille.